Dans
le cadre de ma formation de technicien supérieur en aménagement paysager, j’ai
effectué un stage de deux mois dans un bureau d’études d’architectes
paysagistes qui m’a permis de découvrir différentes facettes de la conception
d’un projet. Au sein de cette structure dotée d’une excellente réputation dans
la région du Bordelais par les aménagements des parcs des châteaux qu’elle
réalise, j’ai découvert un savoir faire et une signature qui permettent de
distinguer un projet issu de son « atelier du paysage ». Son
domaine d’intervention privilégié est l’aménagement des parcs des plus beaux
domaines que compte le vignoble bordelais. Sa préoccupation est la qualité. Sa
particularité est d’avoir développé un style de jardin qui lui est propre. Les
projets qu’elle présente fonctionnent par mimétisme : à un même cadre de
vie et à un même groupe social, elle applique les mêmes codes. Sa clientèle,
aisée et exigeante, tient à mettre en valeur son patrimoine, par un aménagement
qui porte les signes distinctifs du savoir faire de l’entreprise.
Un projet pour Issan
Pour
remettre le parc de son château au niveau de ceux des domaines environnants, le
propriétaire du château d’Issan, situé sur la commune de Cantenac à une
quarantaine de kilomètres de Bordeaux, dans la région du Médoc, n’a pas hésité
à faire appel à la notoriété de l’entreprise Landcraft. Au travers de sa proposition
d’aménagement, elle devait servir l’image du château mais aussi du terroir
auquel le vin est intimement associé et auquel le château a donné son nom. Il
s’agissait également de satisfaire les exigences ostentatoires du propriétaire
qui accueille à Issan de nombreuses manifestations comme la « Fête de la Fleur »
à laquelle quelque 1 500 personnalités du monde du vignoble, des arts et
de la politique se retrouvent.
La propriété d’Issan se trouve dans la zone
estuarienne et fluviale de la Garonne et plus précisemment dans le Médoc. Caractérisée
par des sols pauvres, très filtants et un micro climat dominé par la douceur de
ses températures, cette région est connue dans le monde entier par les grands
crus classés qu’elle produit, et dont le vin d’Issan est un des grands
représentants. Après avoir engagé dans les années 1990 des investissements importants
pour la mise en valeur du domaine et de ses vins, le propriétaire du château
d’Issan a ressenti la nécessité de mettre en valeur le parc de 5 000 m²
situé à l’intérieur de l’enceinte moyennageuse du château qui entoure sa
propriété. Sans caractère, rigide à l’image de certains jardins urbains du début
du XXème siècle, le parc du château d’Issan contrastait avec la notoriété du vin auquel
son nom est mêlé.
Les étapes de la reconquête paysagère
Pour
répondre aux attentes du commanditaire, un premier travail descriptif et
d’analyse de l’existant a été réalisé et auquel j’ai été associé. Il a permis
d’inventorier les différents espaces constitutifs du parc du château et à en
faire une évaluation esthétique au regard des attentes sociales à projeter. Il
a révélé le caractère exceptionnel du site
d’un point de vue historique, ses atouts et les contraintes d’aménagement,
notamment en terme de circulation et de géométrie de l’espace. Cette étape
fondamentale dans la conduite du projet a permis de dégager des pistes de
réflexion susceptibles d’apporter une réponse adaptée à la situation.
Deux versions successives de l’avant projet sommaire ont été réalisées. Avec l’une et l’autre, le jardin est davantage en résonnance avec le château. Les deux propositions permettent au propriétaire d’être vu dans un cadre contemporain, fluide et ouvert sur le château et apportent des réponses aux contraintes d’aménagement sans sacrifier l’esthétique des lieux. En revanche, seule la seconde proposition respecte la signature de l’entreprise en reprenant les quatre éléments qui distinguent un projet Landcraft : une esplanade en pierre devant le château de forme géométrique qui ancre le projet, un gravier très fin pour souligner les espaces et apporter un contraste chromatique, un parterre enherbé aux formes harmonieuses et un espace boisé pour créer un volume et un écran visuel. A ma connaissance, le propriétaire n’a pas encore donné suite à son projet.
Un autre proposition pour un prolongement possible
Si
les propositions de l’entreprise répondaient aux attentes du commanditaire, leur
logique d’aménagement limitait, selon moi, la pertinence du projet. Elle
privilégiait un modèle d’aménagement à la lecture et à la compréhension d’un
lieu. A l’issue de mon stage, j’ai pris la liberté de réfléchir à un
prolongement possible qui, tout en respectant l’esprit de l’entreprise, prenait
davantage en compte les spécificités du lieu. J’ai proposé de :
- § retrouver un équilibre entre le jardin prestigieux situé au nord et celui ouvert aux clients visiteurs, au sud ;
- § préserver davantage l’intimité du propriétaire en utilisant la technique du « saut de loup » qui présente l’avantage de fixer une limite sans créer une rupture visuelle qui casserait la perspective ;
- § créer un miroir d’eau dans lequel se reflète la façade sud du château, pour à la fois redonner de la monumentalité à l’entrée sud et articuler le jardin tant avec le château qu’avec les communs ;
- § introduire devant le bâtiment annexe qui abrite une galerie d’art des sculptures contemporaines qui permettent de mélanger l’art et la nature dans le jardin ;
- § mettre en scène, par une lumière nocturne, certains espaces pour leur donner une autre dimension par des effets d’ombre et de lumière, renforcer l’identité du lieu et offrir un déplacement sécurisé dans le parc.
J’ai ensuite réfléchi aux modalités de
mise en œuvre, aux techniques à privilégier, ainsi qu’aux choix des matériaux
et végétaux. Bien que le coût du projet n’était pas une préoccupation immédiate
du commanditaire - celui-ci n’ayant pas
souhaité fixer de budget au bureau d’études pour laisser libre cours à la
création – une première estimation financière est avancée.
Voici la première planche d'Etat des Lieux (situation et utilisation) |
Deuxième planche d'Etat des Lieux (histoire, détail parc existant...) |
Troisième planche, le plan de l'EDL |
Quatrième planche, vue avec les photos des éléments marquants ou intéressant pour le projet à venir |
Voici le projet de l'entreprise, une conception simple qui reprend la signature de l'entreprise (estimation : 250 k€) |
Voici mon projet, je prend en compte les éléments à extérieur des douves. (estimation : 350 k€) |
Façade sud du château |
Façade nord du château |
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